La société qui développe une suite logicielle pour optimiser le traitement par radiothérapie boucle une levée de 3,5 M€ en deux tranches auprès de Therinvest, le fonds d’investissement de la famille Gobet (Innothera).La radiothérapie est l’un des piliers du traitement du cancer, avec la chimiothérapie et la chirurgie. Avec de bons résultats, mais aussi des effets secondaires non négligeables. Issu des laboratoires de l’Inria et de CentraleSupelec, TheraPanacea travaille, depuis sa création, il y a deux ans, au développement d’une suite logicielle qui augmenterait la précision, l’efficacité et la sécurité de la radiothérapie grâce à l’intelligence artificielle. Alors qu’elle s’apprête à mettre sur le marché une première brique de son logiciel, la start-up pilotée par Nikos Paragios vient de lever 3,5 M€ (en deux tranches) auprès de Therinvest, le fonds d’investissement de la famille Gobet, à la tête du groupe Innothera (traitement des maladies quotidiennes ; textile médical).
Soutenir le digital dans la santé
Après avoir pris la relève de Kurma chez BioSerenity en 2017 via Innothera (lire ci-dessous), la famille Gobet s’est en effet dotée d’un fonds d’investissement en 2018. « Dans son plan stratégique 2025, notre groupe de 185 M€ de revenus aujourd’hui s’est fixé pour objectifs de rester indépendant et familial et d’atteindre alors 300 M€ de chiffre d’affaires. Or, l’un des éléments essentiels à cette croissance tient à la digitalisation, au numérique, au big data…, analyse Arnaud Gobet, président de Therinvest. Avec notre fonds, nous accompagnerons des start-up qui portent des projets digitaux innovants dans la santé ». A l’image de TheraPanacea qui utilise l’intelligence artificielle pour, à terme, gérer l’ensemble du traitement – planification, préparation, exécution – par radiothérapie. Therinvest devrait injecter chaque année quelque 2 M€ dans une start-up, avec une durée d’investissement convenue de 7 ans durant lesquels l’industriel investisseur compte bien interagir avec les start-up. « Pour nous, il ne s’agit pas que d’un placement financier risqué, précise Arnaud Gobet. Nous demandons une place au conseil d’administration et nous impliquons dans l’évolution de la société avec laquelle nous procédons à des échanges de compétences. Elle peut nous apporter beaucoup sur le plan digital ; nous pouvons l’aider à passer du stade de la recherche à celui de l’entreprise commerciale ». En l’occurrence, avec TheraPanacea, Arnaud Gobet estime s’être ouvert au monde des sciences de l’ingénieur.
Radiothérapie à la volée
Utilisée dans plus de la moitié des cas de cancer (192 000 patients traités lors de plus de 4 millions de séances en France, en 2016 ; source : Institut National du Cancer), « la radiothérapie est le traitement le plus utilisé et le moins cher, rappelle Nikos Paragios. Notre projet est d’automatiser les tâches et de standardiser les processus pour favoriser l’égalité d’accès aux soins et minimiser les coûts pour l’hôpital, le système de santé et la société. » TheraPanacea travaille aussi à la réduction des effets secondaires, notamment les irradiations de zones saines autour des tumeurs, et à accroître l’efficacité des traitements. « Nous développons la radiothérapie à la volée pour adapter le traitement au patient quasi en temps réel et ce, en générant un plan de traitement personnel basé sur son imagerie. » Pour l’heure, avec une équipe d’une quinzaine de personnes, TheraPanacea a déjà développé et obtenu la certification en Europe d’une première brique qui permet de réaliser le modèle numérique des patients afin de doser le traitement en fonction des changements anatomiques ou des mouvements des organes pendant les séances. Sa commercialisation devrait démarrer dès cette année. Les fonds réunis vont permettre à la start-up de compléter ses développements et de constituer une équipe commerciale France / Europe. Jusqu’alors, TheraPanacea avait assuré son financement grâce aux – nombreux – prix qu’elle avait remportés et qui avaient drainé près de 1,75 M€ vers ses caisses.
Conseil juridique : Joffe & Associés (Thomas Saltiel & Charlotte Viandaz)