Cette fois, PowerZ avait un produit à montrer aux investisseurs. L’éditeur d’un jeu vidéo éducatif pour enfants de six à douze ans, qui avait levé 3 M€ au stade du powerpoint il y a moins d’un an (lire ci-dessous), récolte aujourd’hui le double. Bpifrance mène cette augmentation de capital de 6 M€ avec son fonds Digital Venture, devant Raise Ventures qui place un ticket d’un peu moins d’1 M€ et le groupe de presse et d’édition Bayard. Dans ce tour sursouscrit, les principaux investisseurs existants, c’est-à-dire Educapital, Hachette, Pierre-Kosciusko-Morizet (Kernel) et Michaël Benabou (Financière Saint James), renouvellent leur soutien. À cette levée s’ajoute 1 M€ emprunté à Bpifrance. « Nous n’avions pas prévu de relever si vite mais plusieurs fonds nous ont sollicités car nous développons un produit attractif, à la croisée de l’edtech et des jeux vidéo », estime Yann Carron de la Carrière, directeur marketing et co-fondateur avec Emmanuel Freund et Arnaud Lamy. « La confiance témoignée par les investisseurs historiques allant au-delà de leur pro rata, et qui pour certains avaient déjà financé Shadow, la précédente entreprise de l’équipe, nous a confortés », confirme Sophia Martin, directrice de participations chez Raise Ventures, dont la SCR fait aujourd’hui 70 M€ mais est toujours en cours de levée.
20 000 joueurs depuis le lancement le 15 février
Après seulement cinq mois de travail, PowerZ a lancé son jeu éducatif le 15 février, avec l’idée d’aller à l’encontre des pratiques de l’industrie du jeu vidéo en mettant cette première version le plus vite possible dans les mains des enfants, des parents et d’experts afin de l’améliorer en continue. Quelque 20 000 joueurs ont rejoint cette communauté, consacrant des sessions de 30 minutes pour 4 heures de jeu en moyenne. Construit comme un archipel, PowerZ compte aujourd’hui une île principale, développée en interne, et deux îles secondaires créées par des studios indépendants, Zero Games et Opal Games. L’aventure propose l’apprentissage d’une dizaine de domaines (calcul mental, géométrie, vocabulaire, langues vivantes et langue des signes…) et l’initiation à l’astronomie, la cuisine, le yoga, la sculpture et d’autres activités culturelles. « Le gaming est un secteur en plein essor, en particulier depuis le premier confinement du printemps 2020, que nous regardions beaucoup. Tout comme l’éducation, où les modèles semblent très verticalisés par matière. En revanche, nous n’avions jamais vu un tel OVNI réunissant les deux en associant une haute qualité de jeu avec une composante éducative tout aussi forte », assure Sophia Martin.
Déclinaison anglaise
L’un des objectifs de la levée est l’augmentation de la production de contenus, avec des fournisseurs comme Bayard (J’aime Lire, le Feuilleton d’Hermes, le Yoga des Petits…), qui travaillait néanmoins déjà avec la jeune pousse avant d’investir, ou comme Hatier (Hachette) éditeur de cahiers scolaires. La déclinaison sur d’autres supports est aussi au programme, à commencer par l’iPad aujourd’hui suivi de l’iPhone dans les prochaines semaines puis de Switch et d’autres consoles début 2022. Enfin, une version anglaise verra le jour entre septembre et décembre, avec des efforts marketing ciblant le Royaume-Uni, les pays nordiques et les États-Unis. Pour se rémunérer, PowerZ, qui emploie 25 personnes et ne montera pas à plus de 40 salariés d’ici douze mois, a testé le paiement libre, nourrissant de l’espoir dans le fait que près de 10 % des parents acceptent de payer, en moyenne 3,5 € par mois. Dans les prochains mois, une autre brique du modèle économique sera posée. Celle de la monnaie virtuelle permettant non pas d’acheter des contenus mais d’effectuer des « dépenses cosmétiques », associée à des fonctionnalités pour apprendre à gérer un budget, afin de rester fidèle à son ambition de garder un accès ouvert à toutes les classes sociales.
Les intervenants de l’opération POWERZ
Société cible : POWERZ
Acquéreur ou Investisseur : BPIFRANCE INVESTISSEMENT , RAISE , BAYARD PRESSE , EDUCAPITAL , HACHETTE LIVRE , BUSINESS ANGEL(S) , Pierre Kosciusko-Morizet , Michaël Benabou
Acquéreur Avocat Corporate : JOFFE & ASSOCIES , Thomas Saltiel , Charlotte Viandaz
Acq. DD Juridique et Fiscale : JOFFE & ASSOCIES , Thomas Saltiel , Charlotte Viandaz
Acq. DD Financière : 2C FINANCE , Jacques Haccoun
Acq. Conseil Environnement, DD ESG : B-WAY , Marion Peltier
Société Avocat d’Affaires Corporate : SOLFERINO ASSOCIES , Bernard-Olivier Becker